Bienvenue sur la page de Noctivagans, un montage sonore initialement créé à l’occasion de la publication du livre Veilleurs de Nuit de Daniel Magnin et Pascal Bourguignon, chez Déclic éditions.
Noctivagans est une création sonore née de l’obscurité, composée à partir d’enregistrements réalisés de nuit, souvent grâce à des « dispositifs fantômes » - l’équivalent sonore des pièges photographiques utilisés par Daniel Magnin et Pascal Bourguignon.
Elle vous invite à pénétrer un monde où le crépuscule s’épaissit, où la forêt, la prairie et le jardin commencent à respirer d’une vie secrète. Les chouettes appellent à travers la canopée, les amphibiens tissent leurs polyphonies, les insectes croisent leurs rythmes fragiles, et des présences furtives troublent les feuillages… et les esprits.
Laissez ces voix nocturnes guider vos sens au-delà des mots et des images, vers un espace où l’invisible devient audible.
Un monde suspendu entre veille et sommeil, où la nuit révèle tout autant qu’elle dissimule.
La version disponible en streaming sur cette page est en MP3 avec un encodage de haute qualité.
Une version CD audio est disponible sur certains exemplaires de Veilleurs de Nuit.
Une version digitale non compressée, en WAVE 24b/48kHz, est disponible en téléchargement sur Bandcamp à l’adresse suivante :
Une écoute au casque ou avec des haut-parleurs de qualité vous permettra de mieux apprécier les détails et la profondeur des espaces sonores de Noctivagans.
Vous pouvez télécharger le livret (textes) au format pdf en cliquant sur le lien ci-dessous :
[00:00 – 06:30]
Hêtraie sous un vent de nord-ouest. Les troncs craquent se balancent, craquent, grincent.
Un renard en rut parcourt le sous-bois glacé, plongé dans l’obscurité totale.
Un chevreuil croise sa route ; feuilles mortes croustillant sur son passage, et sous la neige naissante.
Dans l’ombre, une hulotte observe, appelle.
[06:30 – 09:00]
L’air devient plus océanique. La nuit se réchauffe.
Sous la neige alourdie, la sapinière ploie. Branches libérées : chutes sourdes, poudrages cristallins, frottements et crépitements boisés.
[09:00 – 14:15]
La glace se transmue. Rus et ruisseaux s’animent, chuintent, gargouillent.
La fin de l’hiver approche.
Dans une mare agricole, grenouilles agiles et pélodytes ponctués se rassemblent pour la parade.
[14:15 – 17:38]
En lisière, un groupe de sangliers fouille la litière dégelée, s’électrise puis se disperse.
Plus loin, deux blaireaux s’offrent un tête-à-tête intime.
[00:00 – 07:30]
Crépuscule dans le bocage.
Les abeilles s’engourdissent, les hannetons bourdonnent leur soif de chlorophylle.
Les rougegorges, fidèles à leurs habitudes, investissent l’espace sonore libéré par les autres passereaux.
Une renarde et ses renardeaux s’affairent dans l’obscurité croissante.
Une hulotte se réveille, entame son inspection territoriale.
[07:30 – 10:50]
Mouvements impétueux dans la friche. Ombre massive : un sanglier solitaire patrouille.
Créatures crépusculaires par excellence, plusieurs couples d’engoulevents quittent leurs perchoirs diurnes pour la parade et la chasse.
Trilles, cris aériens et percussions ailées de ces « avaleurs de vent », comme venus d’un autre monde.
[10:50 – 14:50]
Dans la hêtraie, le parfum des mousses et des lichens.
Un chevreuil, en alerte, détale, aboie sous l’averse.
Une hulotte femelle lance ses cris perçants.
Pattes de velours, un chat forestier en rut maraude.
[14:50 – 19:34]
Clairière dans la chênaie.
Amours d’anoures. Le chant de la pluie qui s’estompe. Celui des Sonneurs à ventre jaune qui s’allume et se multiplie dans les ornières.
Cris déchirants et saccadés des hulottes juvéniles qui quémandent.
La danse des chauves-souris en chasse ; leurs cris effleurent parfois l’audible.
Au loin, un renard se plaint, comme dans un conte.
[00:00 – 05:40]
Jardin-verger et champ de luzerne sur un coteau sec.
Musique répétitive des grillons d’Italie. Sérénité parfaite, adoubée par une hulotte lointaine.
Crapauds alytes, dispersés dans leurs refuges secrets : chacun sa note, pure.
Hérissons dans un fourré de coudriers. Frottements, souffles sourds, cris d’intimidation.
Cailles des blés, au ras des luzernes. Leur chant impulsif et intermittent : Paie tes dettes ! nous dit la traduction populaire.
Un renard roux sinue et lance ses cris vers la pleine lune.
[05:40 – 14:00]
En lisière de forêt, les grillons sylvestres frémissent. Syllabes hésitantes sur les feuilles mortes.
Un chevreuil gratte ses grattis, frotte ses frottis : touches territoriales.
Une effraie des clochers vaque à ses mystères. Son cri perçant brise le silence absolu de son vol.
L’orage gronde, lointain.
Une petite harde de sangliers fouille la litière encore sèche d’une yeuseraie ; les feuilles bruissent puissamment sous son passage.
L’orage approche, roulements dans les nuages. Premières gouttes. Flash, foudre.
[14:00 – 18:16]
Retour au verger.
Un petit-duc lance son chant obstiné. Ses notes pures semblent s’accorder aux saveurs de la pluie.
Les insectes se rallument peu à peu. Decticelles-étincelles, sauterelles frémissantes.
Dans une atmosphère noire mais rafraîchie, des fouines se chamaillent.
[00:00 – 02:15]
Crépuscule dans la hêtraie-sapinière.
Les cris fins et ciselés d’une ronde de mésanges tardives.
La rumeur bourdonnante des butineurs de canopée s’éteint peu à peu.
Des ombres massives débarquent du fond des bois : cerfs fiévreux, humant, écoutant.
[02:15 – 09:30]
Lande humide, brame électrique.
L’espace s’ouvre sous l’impulsion de forces vivantes, déterminées.
Raires de défi et de domination. Courses éclair. Poursuites.
Tourbe vibrante.
[09:30 – 17:32]
Soudain, le vent.
L’averse drue et froide.
Les fruits qui tombent dans la nuit d’encre.
Des sangliers vermillent, croquent noix et noisettes, engloutissent champignons.
Solitude d’un jeune renard. Glapissements interrogateurs. Inquiets.
Le loup ou le lynx viendra-t-il ?